mardi 26 janvier 2016

A la rencontres des chrétiens d'Irak

Lors de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous allons habituellement à la rencontre de nos frères protestants ou orthodoxes. L’an passé, nous avions vécu une soirée avec la communauté arménienne de Strasbourg. Mais, cette année a été marquée par une rencontre d’une particulière richesse. Nous avons en effet passé la soirée avec six jeunes catholiques irakiens qui ont dû fuir leur pays, leur terre, leurs racines et quitter tous leurs biens. Pour la première fois le drame qui se déroule à l’autre bout du monde se trouvait devant nous, non par l’intermédiaire d’un écran, mais de personne à personne.


Le plus marquant de notre échange fut certainement de voir l’espoir qui les habite ! Ils ont tout perdu. Parfois même des membres de leur famille. Et pourtant ils prient pour leurs bourreaux ! Avec toute l’Eglise nous fêtions ce jour-là saint Agnès et à travers elle les martyrs romains de la première génération chrétienne. Or nous accueillions parmi nous des jeunes qui partageaient cette foi des premiers martyrs. En priant pour leurs bourreaux, ils montraient en effet  à quel point ils ne revêtaient pas le Christ seulement en façade, par convenance, mais qu’ils étaient unis à lui dans leur être même, dans leurs cellules, dans tout ce qu’ils sont.

Une phrase nous a particulièrement marqué pendant l’échange. Nous parlions du manque de jeunes dans nos églises. L’un d’eux a eu cette parole : « Peut-être que c’était la volonté de Dieu que nous partions, pour vous évangéliser ». Cette parole est forte de symbole. Eux qui furent parmi les premiers chrétiens, reviennent aujourd’hui chez nous pour nous apporter à nouveau la Bonne Nouvelle, pour nous refaire connaître le Christ.


Bien entendu, le pardon, ils nous l’ont dit, n’est pas si facile. En arrivant en France ils avaient peur des musulmans, et on les comprend après ce qu’ils ont vécu. Mais en même temps ils n’ont pas hésité à nous dire qu’avant DAESH, ils vivaient en parfaite harmonie avec les musulmans. Le problème n’est donc pas les musulmans, mais DAESH ! Leur accompagnatrice nous a notamment raconté qu’en tant que chrétiens ils avaient plus de chance que les musulmans. Eux, leurs bourreaux leur avaient donné le choix entre trois solutions : partir, rester et se convertir ou mourir. A un musulman, DAESH ne laisse que deux solutions : suivre DAESH ou mourir…

Nous prions souvent pour les chrétiens d’Orient et plus largement tous les chrétiens persécutés à travers le monde. Non seulement nous pouvons maintenant ajouter des visages et des noms à notre prière, mais nous avons été fortifiés dans notre prière.

Les séminaristes de Strasbourg

jeudi 21 janvier 2016

La semaine de prière pour l'unité des chrétiens

La prière pour l’unité chrétienne n’est pas une initiative du 20ème siècle : les chrétiens n’ont jamais cessé de prier, de multiples manières, pour leur réconciliation. Et nombreux sont ceux et celles qui ont œuvré pour cette mission mais retenons simplement 3 temps et 3 figures principales : Paul Wattson, l’Abbé Paul Couturier et Tony Palmer. 

Paul Wattson est un prêtre épiscopalien qui a fondé une communauté   religieuse franciscaine au sein de l’Eglise anglicane américaine, c’est lui qui fonda en 1908 la semaine de l’unité des chrétiens. 

L’Abbé Paul Couturier est un prêtre lyonnais qui a développé en 1930 la semaine pour l’unité des chrétiens et lui a donné un nouvel élan. Il fut également à l’initiative, en 1937, d’un groupe de travail sur l’œcuménisme connu sous le nom de « Groupe des Dombes », il fut l’un des premiers à célébrer une messe en faveur de l’unité. 

Tony Palmer est un évêque anglican épiscopalien. Il fut la cheville ouvrière de l’unité chrétienne que nous vivons actuellement. Son désir : faire tomber les barrières entre nos Eglises. Ami de notre actuel Pape, il a su avant sa mort en 2014, mettre en contact les principaux chefs des Eglises qui aujourd’hui tentent de se rapprocher et de nouer de nombreux liens de contact. 

A l’image de ces 3 personnalités, les chrétiens aspirent aujourd’hui, pour le témoignage de l’Evangile dans le monde, à leur unité visible dans une même foi et une même communion eucharistique. Telle est en effet la visée du mouvement œcuménique.

Le règne de Dieu est relation car Dieu est relation, Dieu est communion. A partir de la rencontre fraternelle, de la découverte de l’Esprit Saint dans la vie du prochain on peut parler du témoignage intérieur de l’Esprit. De cette même découverte, nous nous redécouvrons comme frère ; l’amitié s’établit et sur ce terrain on peut construire très solidement. Rencontrer des personnes est un chemin important pour l’unité des chrétiens. C’est le modèle que nous voyons dans les évangiles. Jésus rencontrait les personnes où elles étaient, peu importe leur histoire et ce qu’elles ont fait. C’est ce que fait également le Pape François. Notre Pape parle d’une communication par le cœur. Car cette langue  est plus simple et plus authentique ; elle a deux règles de grammaire très simple. Aime Dieu au-delà de tout et aime l’autre parce qu’elle est ta sœur ou ton frère. Dans le passé nous avions connu la peur de la différence, de la diversité donc nous l’évitions. Aujourd’hui avec l’œcuménisme nous laissons nos peurs pour faire route ensemble. Ensemble, nous devons comprendre à nouveau ce qu’est le Baptême car c’est par là que nous sommes frères et sœurs en Christ.

Prions pour la conversion de nos Eglises et pour notre conversion personnelle pour que nous nous affirmons davantage en devenant plus chrétien et converger ensemble avec nos différences vers le Christ. Plus nous nous approchons du Christ avec ce que nous sommes, plus l’unité se fera. C’est lui qui unifie par l’Esprit.

L’Esprit Saint fait la diversité dans l’Eglise mais ce même Esprit Saint fait également l’unité. L’Eglise est une dans la diversité, une diversité réconciliée par l’Esprit. Notre enjeu est d’essayer, par-delà des expériences singulières et par-delà des vocabulaires, d’arriver à comprendre que c’est l’Esprit, la même personne divine qui est à l’œuvre en chacun d’entre nous et qui a suscité ce mouvement ; qui est aussi celle qui a porté le mouvement œcuménique et qui veut que nous nous entendions pour pouvoir ensemble dire Jésus-Christ. Nous avons besoin de la force de Jésus Ressuscité qui apporte une nouvelle vie, une nouvelle espérance, une nouvelle énergie à la Création. 

Poussé par l’Esprit, l’Abbé Paul Couturier a été un grand promoteur de la prière pour l’unité chrétienne ; cependant sa volonté n’était pas seulement que cela se fasse une fois par an. L’une de ces intuitions spirituelles était de dire que tous ceux qui prient régulièrement pour l’unité forment en réalité un monastère invisible. Une « Communauté » composée de tous ceux qui partagent une même vocation ; celle d’agir pour l’unité car ouvert à l’Esprit Saint ils ont senti la douleur de la séparation entre les chrétiens. Le nom de Monastère convient à cette réalité puisque la même souffrance, les mêmes désirs, les mêmes préoccupations, la même activité spirituelle, le même but rassemblent dans le cœur du Christ, cette multitude venue « de toutes les nations ». La clôture n’en est autre que l’inhabitation dans le Christ priant pour l’Unité, l’esprit de celui de l’Universelle Prière, l’action celle de l’ « Émulation Spirituelle ». Ensemble, les membres du monastère invisible lancent une immense supplication fondue dans celle du Christ et lancée vers Notre Père qui est aux cieux. Elle monte à partir d’innombrables foyers terrestres pour aller déferler devant le trône de l’Éternel. L’Agneau, « comme immolé », déploie devant son Père Sa propre et infinie supplication où nous sommes entrés et cachés sous la puissante et bienfaisante étreinte de Son Esprit, l’Esprit d’Amour


La prière pour l’unité nous jette dans le cœur du Christ où nous trouvons sa prière : « Père, qu’ils soient un pour que le monde croie » (Jean 17, 21). La prière nous ouvre au souffle de l’Esprit Saint et nous ajuste au dessein divin de salut. Nous prions pour l’unité « telle que le Christ la veut, par les moyens qu’il voudra ».

Cette année, pour la semaine de l’unité des chrétiens, il nous est proposé par des Lettons marqués par leur histoire douloureuse de leur pays mais également par une vie œcuménique féconde, de revisiter notre mission commune de baptisés. Au carrefour des traditions catholique, luthérienne et orthodoxe, ils nous proposent pour cette semaine de prière un court extrait de la première lettre de Pierre (1 Pierre 2, 9-10) nous exhortant à proclamer les hauts faits de Dieu. Le passage choisi rappelle aux chrétiens qu’ils sont une « race élue, la communauté sacerdotale du roi, la nation sainte … » et qu’ils ont été appelés à passer des ténèbres à la lumière. Dieu s’est donné un peuple et celui-ci est missionnaire par nature, il a été choisi pour proclamer que le salut est offert à tous et pour faire briller la miséricorde de Dieu dans le monde. La mission chrétienne se déploie dans toutes ses dimensions, prophétique, sacerdotale et royale, elle se vit par l’annonce explicite de l’évangile, la prière et le service du monde. C’est notre vocation baptismale de témoigner des hauts faits de Dieu dans toute notre vie, en guérissant les blessures, en recherchant sans cesse la vérité et l’unité et en s’engageant résolument en faveur de la dignité humaine.

N’hésitons plus à prier pour cette unité pour que chaque jour se réalise un nouveau pas en faveur de ce Miracle tenu par le Seigneur à la force de l’Esprit. Mais demandons aussi, par cette prière, que le Père nous éclaire sur notre unité personnelle, qu’il nous indique les pas de conversions que nous devons mener pour que cette unité Chrétienne se réalise. C’est par notre unité personnelle et avec le Christ que son œuvre se réalisera et nous osons le demander car « on n’a jamais vu le Seigneur commencer un miracle qu’il n’a pas bien achevé » comme le disait si bien l’écrivain italien Alessandro Manzoni.  Pour  nous aider, nous pouvons faire nôtre cette prière composée par des membres de la Communauté du Chemin Neuf à partir de la prière de l’Abbé Paul Couturier :

Seigneur Jésus,
Toi qui as prié pour que tous soient un, 
Nous Te prions pour l’unité des chrétiens,
Telle que Tu la veux,
Par les moyens que Tu veux.

Que Ton esprit nous donne
D’éprouver la souffrance de la séparation, 
De voir notre péché
Et d’espérer au-delà de toute espérance.

Amen


Les séminaristes de Strasbourg

mercredi 13 janvier 2016

A la moitié du parcours

Enfin nous y voilà ! Nous arrivons à la moitié de notre parcours au Séminaire. En ce sens la troisième année est bien une année pivot.

Le grand changement pour nous : la paroisse. Effectivement, nous sommes tous envoyés pour la première fois dans une paroisse différente de notre paroisse d’origine. Pour l’un à St Pierre le Jeune de Strasbourg, pour un autre à la Meinau, et pour un autre encore à Schweighouse-sur-Moder, dans la communauté de paroisse entre Moder et Vallon. Sur place nous participons à la messe dominicale et nous accompagnons un groupe de catéchisme, de première communion ou de confirmation.

Nous continuons également notre parcours universitaire où nous sommes désormais en deuxième année de licence de théologie catholique. Ce parcours est complété par une formation interne au séminaire, comprenant l’étude des textes du dimanche, une formation théorique sur la catéchèse, et une approche du sacrement de l’ordre. L’étude de la catéchèse complète la mission pratique que nous avons en paroisse, tandis que la formation sur le sacrement de l’ordre nous prépare au choix que nous devons faire.

Si nous en sommes là aujourd’hui, nous savons aussi que c’est grâce à toutes les personnes qui prient pour nous, pour les séminaristes, pour les vocations, et pour cela nous les en remercions !

Adrien Schneider, Cyril Jehl, et Jean-Christophe Neuhauser

Adrien : « En deuxième année, j'ai été institué lecteur, cette grâce a pu porter des fruits que j'ai pu voir en troisième année à travers mon désir profond de méditer la Parole de Dieu et à l'annoncer, comme aux jeunes du groupe de catéchisme qui m'est confié cette année. »

Cyril : « De retour de césure, je suis heureux de rejoindre la troisième année et de me sentir toujours plus conforté dans ma vocation. Cette année particulièrement, je sens que je suis dans un moment clé de mon parcours et qu’il me faudra confirmer pleinement le choix qui m’a poussé à entrer au séminaire. »

Jean-Christophe : « Le grand bonheur pour moi cette année est d’arriver enfin en paroisse et d’aller à la rencontre d’une nouvelle communauté. J’ai été envoyé à Schweighouse-sur-Moder puisque j’ai fait la demande d’être à l’extérieur de Strasbourg, étant originaire de la ville de Colmar. En tout cas, la pastorale de campagne est vraiment différente. »

Les séminaristes de 3ème année